Pierre Reverdy

L’intrus

Entre les murs_de cette salle basse se mouvaient des esprits obscurs et d’autres extrêmement légers et lumineux.

Un homme presque nu entra au milieu de ces toiles et dans ces étendues de glace et de désert.

Il entraînait une caravane en désordre et marchait seul. Une voix qui venait d’ailleurs faisait tinter à nos oreilles un son nouveau. Mais dans ce mélange de capes et d’épées, de chansons et de cris, il régnait un air de carnaval—il y manquait surtout la grâce avec l’esprit.

Un monde très ancien tournoyait dans nos têtes et l’on attendait le moment où tout allait tomber.

Mais, dehors, au lieu d’un clair de lune sur un fond de décor—on trouvait un temps gris où manœuvraient les machines hurlantes dissipant le malaise. Dans la rue, nous avions retrouvé la foule et notre siècle. Mais tous ces esprits obscurs ou lumineux, légers et lourds, et l’homme nu de quelle époque étaient-ils descendus ce soir-là ?

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