C’est l’heure où la fatigue au sommeil nous invite,
Où la brise fraîchit avec l’ombre du soir ;
Je m’en vais seul et triste en regagnant mon gîte :
Hélas ! de tout le jour je n’ai pas pu te voir.
Je regarde le ciel pour découvrir peut-être
L’étoile de mon sort s’avançant dans la nuit ;
Soudain, voyant briller la lampe à ta fenêtre,
Je dis : Voici mon astre, et j’approche sans bruit.
Sa lampe luit encore ; mais pourquoi veille-t-elle ;
Et quels soins, quels pensers, l’occupent aussi tard ?
Peut-être qu’elle laisse errer son cœur fidèle ;
Dans ses rêves du soir peut-être ai-je ma part.
Sans doute alors, pensive, elle incline sa tête,
Un sourire à sa lèvre, une larme à ses yeux ;
Ou bien c’est vers le ciel que son esprit s’arrête :
Elle prie à genoux, courbant son front pieux.
Que sa prière pure et fraîche d’innocence
Monte comme un parfum qui s’élève vers Dieu !
Et si quelque soupir d’amour ou d’espérance
S’y mêle aussi, Seigneur, daigne exaucer son vœu !
Mais voici tout à coup que s’éteint la lumière,
Et la nuit alentour étend son voile noir ;
Aux vitres vient briller l’étoile belle et claire
Qui se mire du ciel dans ce sombre miroir.
Oh ! cet astre d’argent, n’est-ce pas ? C’est le nôtre ;
Il vient dans ton sommeil caresser tes beaux yeux ;
L’astre de notre amour ! en est-il donc un autre
Qui d’un éclat si pur puisse briller aux cieux ?
Oh ! luira-t-il bientôt pour nous conduire ensemble
Par des routes en fleurs, par des sentiers bénis ?
Jettera-t-il bientôt de son rayon qui tremble
Une auréole heureuse à nos deux fronts unis ?
Regarde notre étoile et comprends son langage,
Ma belle et douce amie ; elle te parle, à toi ;
Sache donc dans le ciel lire aussi ce présage
De vie et de bonheur, d’espérance et de foi.
S’il est bien vrai que l’âme a des chaînes secrètes,
Si de la sympathie il est pour nous des lois ;
Si l’amour a pour lui de sacrés interprètes
Et pour parler aux cœurs une indicible voix,
Sans doute, en ce moment, les désirs de mon âme
Aussi dans le secret à ton âme ont parlé ;
Sans doute de ton cœur mystérieuse flamme,
Ton amour par le mien s’est senti consolé.
Mais il est tard déjà ; tout s’endort sur la terre ;
Un rêve maintenant va charmer ton repos ;
C’est l’heure du sommeil, achève ta prière ;
Vois et salue encore l’étoile à tes vitraux.
Et puis dors, dors en paix, car sur nous elle veille ;
C’est Dieu qui l’a placée au ciel pour nous garder,
Pour jouer dans la nuit sur ton front qui sommeille,
Et dans ce monde obscur nous guider tous les deux.