« Ô vents, disaient les flots, quand nous laisserez-vous
Dormir à notre gré d’un sommeil large et doux ?
Trêve à la fin, trêve d’orages !
Laissez-nous refléter dans notre clair miroir
Les matins rayonnants, les nuits belles à voir,
Et les merveilles de nos plages.
—Ô flots, disaient les vents, pour vous aucun repos,
Aucune trêve !... Allez ainsi que des troupeaux
Que le bâton du berger chasse.
Roulez tumultueux, bouillonnants, hérissés ;
Et, dans votre miroir terni, réfléchissez
L’ouragan qui passe et repasse !
Ce n’est pas pour croupir comme de lourds étangs
Que la main du Très-Haut, à l’aurore des temps,
Vous amoncela dans l’abîme :
L’éternel mouvement, telle est la grande loi,
Que Dieu fit pour la mer ;—qu’il fit aussi pour toi,
Humanité non moins sublime ! »