Pierre Reverdy

Espoir de retour

Les mains levées vers un point où gronde une colère
 
robuste Qui se vengera
 
Même si tout retombe au silence pour longtemps On gardera le souvenir du tonnerre Le faible prie Le pauvre crie
 
Et moi sans être battu ni vainqueur A moitié libre et esclave j’ai failli mourir A grands coups de fausse joie j’ai chassé l’Ennui Il est sec
 
Derrière le porte-manteau mobile comme une ombre
 
Cloué au mur
 
Quel bruit formidable il a fallu
 
J’étais ivre autant que de vin
 
Ma tête était gonflée
 
Le désespoir est singulièrement tenace
 
Avec lui on va au fond de tout
 
Quel fond
 
Le trou sondé n’en vaut pas la peine
 
On le voit
 
Je suis remonté les bras raidis
 
 
La bouche amère tordue
 
Dans la rue j’ai couru comme un fou
 
Jusqu’aux jardins où jouaient des enfants
 
Calmes et féroces leurs gestes promettaient
 
Pour plus tard
 
Enfin au lieu de m’abattre sur la chaussée
 
Fourbu comme un cheval usé
 
Je suis monté sans efforts vers les plus hauts étages
 
Il commençait à neiger doucement
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