Pierre Reverdy

Les pas brisés

Quel monde
 
La foule descend des toits où brille la trace des pas
 
C’est une illumination de fête
 
Les arbres sont des lustres morts
 
Quelques figures de connaissance
Visages ovales visages ronds
Autrefois on se rencontra
Le monde est grand
 
On se serre la main au coin du carrefour
 
On rentre
 
Mais voilà—comment me rappeler sa figure—
 
Physionomie triste drôle d’allure
 
C’est le premier que j’ai connu que j’ai suivi
 
Une seule voiture contenait tout le monde
Et les chevaux ailés marchaient au pas
Le cocher ivre dort
Si la route était sûre
 
 
 
Par la portière une tête passe crie
Mais c’est un rêve et il n’a pas de voix
On va verser le péril est certain
Le temps est long
 
Quelqu’un suspend au ciel quelques étoiles
De temps en temps un fil se rompt
Faites un vceu une étincelle a brûlé mes cheveux
Une rue s’est formée peu à peu
 
 
 
Là-haut c’est la maison connue et qui m’abrite
 
Je voudrais m’échapper mais je ne suis pas seul
 
Le bruit me suit
 
Nous sommes entrés enfin et c’est la nuit
 
J’appelle le matin qui ouvre mes rideaux et me
 
réveille
Le soleil
 
Mais mes yeux sont éteints
Et il n’a pas d’oreilles
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