Pierre Reverdy

D’un autre ciel

Que veux-tu que je devienne
 
Je me sens mourir
 
Secours-moi
 
Ah
Paris... le
Pont
Neuf
 
Je reconnais la ville
 
Un peu jouir
 
Un peu pleurer
 
Ma vie
 
Est-ce vraiment la peine d’en parler
 
Tout le monde en dirait autant
 
Et comment voudriez-vous que l’on passât son temps
 
Je pense à quelque autre paysage
 
Un ami oublié me montre son visage
 
Un lieu obscur
 
Un ciel déteint
 
Pays natal qui me revient tons les matins
 
Le voyage fut long
 
J’y laissai quelques plumes
 
Et mes illusions tombèrent une à une
 
Pourtant j’étais encore au milieu du printemps
 
Presque un enfant
 
J’avançais
 
 
Un train bruyant me transportait
 
Peu à peu j’oubliais la nature
 
La gare était tout près
 
On changeait de voiture
 
Et sur le quai personne n’attendait
 
La ville morte et squelettique
 
Là-bas dresse ses hauts fourneaux
 
Que vais-je devenir
 
Quelqu’un touche mon front d’une ombre fantastique
 
Une main
 
Mais ce que j’ai cru voir c’est la fumée du train
 
Je suis seul
 
Oui tout seul
 
Personne n’est venu me prendre par la main
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