Nérée Beauchemin

À Coquelin

Tu ne nous connais pas, mais elle est bien connue
Ta vogue et celle des Hading et des Patry.
Donc, au rival de Got, salut ! et bienvenue
Aux sœurs de Jane Essler et de Rose Chéri !
 
Tu ne nous connais pas ; mais notre oreille est presque
Accoutumée au bruit lointain des grands succès
De l’acteur qui, dans son brio moliéresque,
Incarne excellemment le preste esprit français.
 
Tu nous remets au cœur des noms que nul n’oublie :
Feuillet, Jules Sandeau, les deux Dumas, Sardou,
Et l’auteur du Chapeau de paille d’Italie,
Et l’auteur de Diane, et l’auteur de Frou-frou.
 
Maître, nous saluerons en toi l’exubérance
De ces maîtres charmeurs, de ces maîtres esprits,
Dont les pleurs ont fait tant pleurer la tendre France,
Dont le rire a tant fait rire le gai Paris.
 
Clair et vrai, riche et chaud, ton large et souple verbe,
Comme celui des plus harmonieux diseurs,
Magistral dans le drame, exquis dans le proverbe,
Interprète à ravir ces brillants amuseurs.
 
Bravo ! Dans ta finesse et ta désinvolture
Éclatent aux regards de tous, ô Coquelin,
Le vrai tempérament, la complexe nature
Du Gaulois né joyeux, du Français né malin.

Les floraisons matutinales (1897)

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