par Linja & Mel
Tu t’arrêtes, tu la regardes, tu essaies d’attirer son attention, tu essaies de lui montrer que tu l’aimes, mais elle, elle continue sa marche dans le Ciel, ne daignant même pas te jeter un regard. Elle passe, courant après le Soleil, et ne te remarque pas.
Tu la fixes, tu lui murmures des mots avec le cœur, mais à peine parviennent-ils à atteindre le Ciel que le jour se lève, ne te laissant d’autre choix que de l’observer se gommer petit à petit. Alors le Soleil apparaît, et tu devrais en être heureux, mais elle te manque. Peu importe l’obscurité, peu importe la terreur de la nuit, si elle n’est pas là, le jour et ses merveilles n’en valent pas la peine.
Les fleurs qui s’épanouissent dans la rosée ne représentent alors plus que l’emmurement de ton deuil. Le chant des oiseaux, que tu trouvais autrefois si tendre, n’est plus que l’écho de ce qui te glisse entre les mains chaque matin.
C’est alors que,
Pour happer son attention,
Pour un regard,
Tu te rends compte que tu es prêt à commettre un acte si terrible et si triste.
Car pour toi, la vie n’est rien sans elle,
Car sans elle à quoi bon essayer, à quoi bon vivre ?
Tu t’armes donc des océans et des fleuves mélangés à l’élixir de tes larmes pour, dans un élan de passion, tuer le Soleil.
Les flammes rouges tournent au bleu jusqu’à s’éteindre, les oiseaux ne chanteront plus jamais.
Mais
Elle est là.
Malheureuse est la Lune.
Désormais c’est elle qui souffre, car son bien-aimé est mort.
Sa douleur est si profonde,
Si profonde que la tienne n’était rien en comparaison.
Alors,
Oui,
Elle est là,
Mais toi, toi qui l’a faite pleurer, toi qui lui a fait subir une douleur plus atroce que mille couteaux dans le ventre,
Pour ton bonheur,
Par égoïsme,
Par obsession,
Désormais tu la vois à nu.
Elle ne court plus. Elle est fade. Elle n’a plus de couleur.
Plus jamais sa lumière ne te touchera, plus jamais...
Alors, que se passera-t-il ?
Tu tomberas sous le charme d’une étoile, brillante et fixe dans le chaos que tu as créé, tout en laissant la Lune, cet astre si pur et sans égal, se perdre dans la noirceur de l’espace.
Peut-être te rendras tu compte beaucoup plus tard, beaucoup trop tard, que ce que tu appelles « amour » n’a toujours été qu’une course à la lumière.
Ainsi tu es, Coureur de lumières,
Dévastateur du Ciel,
Passion brûlante et brève,
Las tu finiras,
A chaque fois,
Ainsi sont les tiens,
Homme.