François-Marie Robert-Dutertre

La raison.

Le sang de l’innocent a tant rougi l’histoire,
La force a tant pesé sur le monde abaissé
Qu’on craint toujours de voir dans le ciel de la gloire,
Du génie et des arts le soleil éclipsé.
 
                       Refrain :
 
Je vois dans la raison l’étincelle divine ;
Je vois que Dieu caché par elle se devine
Et que la liberté doit l’appeler sa sœur ;
Je vois qu’en appliquant le bâillon du mutisme
On livre l’univers au sombre fanatisme ;
Voilà, voilà pourquoi je suis libre penseur.
 
L’esprit des noirs desseins assemble ses phalanges.
L’oiseau des nuits s’envole aux sommets sourcilleux,
Essayant d’effrayer par des clameurs étranges
L’aigle, le roi des airs, au vol audacieux.
 
                       Refrain :
 
Je vois dans la raison l’étincelle divine ;
Je vois que Dieu caché par elle se devine
Et que la liberté doit l’appeler sa sœur ;
Je vois qu’en appliquant le bâillon du mutisme
On livre l’univers au sombre fanatisme ;
Voilà, voilà pourquoi je suis libre penseur.
 
Et vous aussi, Césars, vous avez charge d’âmes.
Le souffle du néant toujours aime à ternir
Les plus beaux sceptres d’or, l’éclat des oriflammes.
 
Le progrès seul apprend vos noms à l’avenir.
 
                       Refrain :
 
Je vois dans la raison l’étincelle divine ;
Je vois que Dieu caché par elle se devine
Et que la liberté doit l’appeler sa sœur ;
Je vois qu’en appliquant le bâillon du mutisme
On livre l’univers au sombre fanatisme ;
Voilà, voilà pourquoi je suis libre penseur.

Les loisirs lyriques (1866)

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