Pays natal, par quels secrets liens
A tout jamais s’attache à toi notre âme ?
Fils de la plaine ou francs Tyroliens,
Pour nos foyers même amour nous enflamme.
Magiques reflets
Gardés du jeune âge,
On voit des chalets
Au fond d’un mirage :
Car les souvenirs sont autant d’amis
Qui disent au cœur : Chéris ton pays.
Fraîcheur des bois, eaux dormantes des lacs,
Oiseaux divers de couleurs ou de formes
Tressant dans l’air leurs gracieux hamacs,
Leurs nids chantants, aux branches des grands ormes,
Vols aériens
Sillonnant l’espace ;
Tous ces petits riens
Prennent grande place :
Car les souvenirs sont autant d’amis
Qui disent au cœur : Chéris ton pays.
Le flot des jours entraîne notre esquif
Vers le néant, gouffre de cataracte ;
Mais la nature, en son cours fugitif,
D’un double amour avec nous fit un pacte.
Comme l’arbrisseau
Qui se lie au chêne,
Autour du berceau
S’enr0ule une chaîne :
Car les souvenirs sont autant d’amis
Qui disent au cœur : Chéris ton pays.
Qu’un mal rebelle ait jeté ses défis
Au plus savant de nos plus grands oracles,
Le pays seul conserve pour ses fils
Sa douce effluve opérant des miracles :
C’est l’heureux climat
De notre naissance
Qui pour qu’on l’aimât
Gardait sa puissance :
Car les souvenirs sont autant d’amis
Qui disent au cœur : Chéris ton pays.
Si par le sang on remonte aux aïeux,
Par tout son être on tient à la patrie.
Serait-il donc crime plus odieux
Que de trahir cette terre chérie !
Qui donc a prescrit
Cette loi profonde ?
C’est le grand esprit,
C’est l’âme du monde :
Car les souvenirs sont autant d’amis
Qui disent au cœur : Chéris ton pays.