Viens-t’en nous aimer ailleurs,
N’importe où, mais loin des villes ;
Viens-t’en sous des deux meilleurs.
Ici les âmes sont viles,
Ici le vent est chargé
De conseils bas et serviles ;
Ici j’ai le cœur rongé
D’un mal indéfinissable :
Je ne sais pas ce que j’ai.
Ô chants des flots sur le sable,
Vous m’aurez bientôt guéri,
Si mon cœur est guérissable ;
Si mon cœur endolori
Trouve au bord des eaux calmantes,
Si mon cœur trouve un abri.
Et toi, la fleur des amantes.
Flambeau de ma vie, ô toi,
Mon conseil dans les tourmentes,
À ce cœur en désarroi
Donne un peu de ton courage
Et donne un peu de ta foi !
Les vents mauvais ont fait rage.
Toutes mes amours, débris !
Et tous mes bonheurs, mirage !
Mon cœur, des bourreaux l’ont pris,
Traîné, piétiné, de sorte
Qu’il n’est que haine et mépris.
Ô rêves morts, candeur morte !
Lui ne s’est pas débattu,
Tant sa souffrance était forte !
Longtemps, longtemps, il s’est tu.
Pas une plainte ; aucun geste.
Sois-lui fidèle : vois-tu,
C’est le seul bien qui lui reste.