Ce soir, sur le chemin sonore du coteau,
Nous menons en rêvant notre amour qui frissonne
D’une obscure tiédeur sous le même manteau.
Ô crépuscule amer de novembre ! L’automne
Est soucieux comme un aïeul qu’on va quitter ;
Son souffle large et fort sur la terre endormie
Répand de solennels adieux. Las de monter,
Bientôt nous suspendons nos pas, ô mon amie.
La brise nous apporte avec le bruit furtif
D’une bête qui fuit dans la forêt prochaine
Le tintement voilé des cloches de la plaine ;
Puis rien n’interrompt plus le silence pensif
Que l’âme de la nuit soupirant dans les herbes.
Là-bas, naissant du pâle azur, voici Vesper.
Debout et l’un sur l’autre épars comme deux gerbes,
Nous semblons nous cacher déjà de l’âpre hiver ;
Et c’est du fond de l’ombre où notre amour se mure
Que nous prêtons, joignant les mains, fermant les yeux,
Une oreille rêveuse au son d’une voix pure
Qui s’élève des champs au loin silencieux.