Aie une âme hautaine et sonore et subtile,
Tais-toi, mure ton seuil, car la lutte déprave ;
Forge en sceptre l’or lourd et roux de tes entraves,
Ferme ton cœur à la rumeur soûle des villes ;
Entends parmi le son des flûtes puériles
Se rapprocher le pas profond des choses graves ;
Hors la cité des rois repus, tueurs d’esclaves,
Sache une île stérile où ton orgueil s’exile.
Songe que tout est triste et que les lèvres mentent.
Et si l’heure en froc noir érige du silence
Les lys où mainte femme encore boira ton sang,
Marche vers l’inconnu, peut-être vers le vide,
Dans l’ombre que la Mort effarante en fauchant
Du fond des horizons projette sur la Vie.