Aux bords du Bendemir est un berceau de roses
Que jusqu’au dernier jour on me verra chérir ;
Le chant du rossignol, dans ses fleurs demi-closes,
Charme les flots du Bendemir.
J’aimais à m’y bercer d’un songe fantastique ;
M’enivrant de parfums, de repos, d’avenir,
J’écoutais tour à tour l’oiseau mélancolique
Et les ondes du Bendemir.
Maintenant, loin des lieux où fleurit mon aurore,
Je dis : Voit-on encor la rose s’embellir,
Et le chantre des nuits soupire-t-il encore
Sur les rives du Bendemir ?
Non, le printemps n’est plus, la rose s’est flétrie,
Le triste rossignol de douleur va mourir,
Et je ne verrai plus couler dans ma patrie
Les flots d’azur du Bendemir.
Mais il nous reste au moins, quand la rose est passée,
Un parfum précieux que l’art sait obtenir,
Pareil au souvenir qui rend à ma pensée
Les bords riants du Bendemir.