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Aimé Césaire

Saison Âpre

Cercle après cercle
 
quand les déserts nous auront un à un tendu tous leurs
 
miroirs
 
vainement les nuits ayant sur la tiédeur des terres étiré
 
leur cou de chameau fatigué
 
les jours repartiront sans fantôme à la poursuite de purs
 
lacs non éphémères
 
et les nuits au sortir les croiseront titubants
 
d’un rêve long absurde de graminées
 
Esprit sauvage cheval de la tornade gueule ouverte dans ta suprême crinière en moi tu henniras cette heure
 
Alors vent âpre et des jours blancs seul juge
 
au noir roc intime sans strie et sans noyau
 
jugeant selon l’ongle de l’éclair en ma poitrine profonde
 
tu me pèseras gardien du mot cloué par le précepte

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