Creuset où naît le monde cheveu humus de la première terre
cheveu première pierre du souci
lorsque la pluie sera le fil dont brin par brin le monde se défait
lorsque le soleil sera une araignée où nous perdre un par un
lorsque la mer sera un poulpe pour nous cracher nos espoirs à la face
lorsque la lune se délovera et nous déroulera son long corps de serpent
lorsque le volcan secouera son corps plissé de pachyderme lorsque le vent ne soufflera plus parce qu’on aura oublié de frapper sur les pierres à vent
lorsque les pierres cesseront de parler pour avoir trop prêché dans le désert
(emmêlement mes veines toute la forêt depuis ses basses branches emmêlement mes veines l’eau tout entière et le régime des feux fidèles
emmêlement qui du fond me jettera des nénuphars à la face et mon sang de rachat et mes épaules mieux coulantes que tous les nœuds emmêlement
goutte d’eau dans l’alambic précieux des nappes aqui-fères qui se mettront à la fenêtre et crieront qu’il fait beau dans l’espéranto mal entendu des volutes
striées de nos crachats les plus amers) goutte de feu dans la gorge sans hasard du vent
luciole et eau je me construirai moi-même en petites gouttes d’eau de feu trop belles pour un autre architecte
demeure faite d’eau entrevue au réveil
demeure faite de parfums froissés
demeure faite de sommeils lamés
demeure faite des jabots tendus des lézards engourdis
la force m’aligne sur le méridien sans ombre
pythons équipages de catastrophes frères dénaturés de ma longitude
les routes se haussent à la hauteur des gnomides à l’oeil vert se coupent de prières nous couchant en joue sur la passerelle du ciel déréglé de la boussole
demeure faite d’une imposition de paumes de mains demeure faite d’yeux rouges de guépard demeure faite d’une pluie de coquilles de sable
les coups de revolver me font cette fois une auréole trop vaste pour ma tête qui arrive par portage en pièces détachées