Victor Hugo

Les étoiles filantes (III)

                         III.
 
Les deux amants, sous la nue,
Songent, charmants et vermeils...—
L’immensité continue
Ses semailles de soleils.
 
À travers le ciel sonore,
Tandis que, du haut des nuits,
Pleuvent, poussière d’aurore,
Les astres épanouis,
 
Tant de feux tombants qui perce
Le zénith vaste et bruni,
Braise énorme que disperse
L’encensoir de l’infini ;
 
En bas, parmi la rosée,
Étalant l’arum, l’oeillet,
La pervenche, la pensée,
Le lys, lueur de juillet,
 
De brume à demi noyée,
Au centre de la forêt,
La prairie est déployée,
Et frissonne, et l’on dirait
 
Que la terre, sous les voiles
Des grands bois mouillés de pleurs,
Pour recevoir les étoiles
Tend son tablier de fleurs.

Les chansons des rues et des bois (1865)

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