La rivière bourgeonne
Dans l’orchestre des becs
Son cours se libère
Des griffes des crues.
Les racines noyées
Vident leurs poumons
Sur la terre du soleil.
Les parfums momifient
Les rois de l’hiver.
Quand les berges se dénudent
Montrent leurs jambes trouées de gîtes
Et leurs seins de glaise
Une musique désespérée s’allonge
Comme un saxo étranglé
Sur les pierres brûlantes.
Les flaques assoiffées
Pissent des rus tourmentés
Et les poissons prisonniers
Cherchent la grande couverture de l’onde.
Dans les feuillages roux et mordorés
Les violons de la pluie ouvrent le bal
C’est la danse des écailles
Et de la fange.
De nouveau
La rivière retrouvera
La force de son corps
Et ses bords inonderont
Le ventre de l’herbe.