La vie est bien sévère
A cet homme trop gai :
Plus le vin dans le verre
Pour le sang fatigué,
Plus l’huile dans la lampe
Pour les yeux et la main,
Plus l’envieux qui rampe
Pour l’orgueil surhumain,
Plus l’épouse choisie
Pour vivre et pour mourir,
En qui l’on s’extasie
Pour s’aider à souffrir,
Hélas ! et plus les femmes
Pour le cœur et la chair,
Plus la Foi, sel des âmes,
Pour la peur de l’Enfer,
Et ni plus l’Espérance
Pour le ciel mérité
Par combien de souffrance !
Rien. Si. La Charité.
Le pardon des offenses
Comme un déchirement,
L’abandon des vengeances.
Comme un délaissement,
Changer au mieux le pire,
A la méchanceté
Déployant son empire,
Opposer la bonté,
Peser, se rendre compte.
Faire la part de tous,
Boire la bonne honte,
Être toujours plus doux...
Quelque chaleur va luire
Pour le cœur fatigué,
La vie enfin sourire
A cet homme trop gai.
Et puisque je pardonne,
Mon Dieu, pardonnez-moi,
Ornant l’âme enfin bonne
D’espérance et de foi.