Marceline Desbordes-Valmore

L’adieu

Adieu pour toujours,
       Mes amours ;
   Ne pleure pas,
Tes pleurs ont trop d’appas !
Presse encor ma main ;
       Mais, demain,
   Il aura fui,
Le bonheur d’aujourd’hui.
 
   Quand une fleur
Va perdre sa couleur,
   On n’y doit plus
De regrets superflus :
   Et le flambeau,
Dont l’éclat fut si beau,
   Quand il s’éteint,
Cède au froid qui l’atteint.
 
Adieu pour toujours,
       Mes amours ;
   Ne pleure pas,
Tes pleurs ont trop d’appas !
Presse encor ma main ;
       Mais, demain,
   Il aura fui,
Le bonheur d’aujourd’hui.
 
   Ton doux regard
M’éclaira par hasard ;
   Et dans mes yeux
Il répandit les cieux :
   Dès ce moment,
Si fatal... si charmant,
   Mon cœur perdu
Ne me fut pas rendu !
 
Adieu pour toujours,
       Mes amours ;
   Ne pleure pas,
Tes pleurs ont trop d’appas !
Presse encor ma main ;
       Mais, demain,
   Il aura fui,
Le bonheur d’aujourd’hui.

Romances (1830)

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