Louise Colet

La voix d’une mère.

Enfant qui seras femme,
N’ouvre jamais ton âme
Qu’aux modestes vertus ;
Que ta charité sainte
Berce et calme la plainte
Des esprits abattus !
 
Que ta pure espérance
Relève la souffrance,
Que ton hymne de foi,
Comme une chaste offrande,
Monte au ciel et répande
La paix autour de toi.
 
Sois l’ange qui console ;
De ta douce parole
Prodigue le secours ;
Au malheur tends l’oreille,
Près du malade veille
Et près du pauvre accours
D’une mère qui t’aime
Dieu voulut te bénir,
Laisse-la pour toi-même
Disposer l’avenir.
 
Travaille, prie et chante !
Le travail t’ennoblit,
La foi te rend touchante,
La gaîté t’embellit !
 
Et si Dieu t’a douée
D’un esprit noble et grand,
Sois humble et dévouée,
Sois belle en l’ignorant.
 
Laisse à l’homme la gloire,
Les triomphes, le bruit,
Pour nous, aimer et croire
Au bonheur nous conduit.
 
Coule une vie obscure
Que le devoir remplit ;
L’onde à l’ombre est plus pure,
Rien ne trouble son lit.
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