Un jour
Kor
Po8tma écrivait à un ami
un de ceux qui aiment ce qu’il peint
parce qu’il ne peint que ce qu’il aime
Tu sais que ma peinture ne veut rien de magistral ou d’important et que j’essaie de donner une vie plus réelle aux choses insignifiantes, pauvres, simples, oubliées et jetées-Plumes et plantes objets éperdus éprouvés roseaux séchés liés déliés et brisés et papillons éparpillés
Vieille ratière et nouveau bigarreau rebuts de liège vêtus comme des oiseaux
Vestiges de terre et de mer de joie et de misère de lumière et de vent
Signaux de mort signes de vie vivantes et frêles ruines
figures de rébus tendres énigmes secrets publics
Fastueuses épaves et fabuleux débris
rejets du beau et mauvais temps
dans les filets du
Hollandais
Volant
à
Sanary
où le peintre affectueusement les a surpris
dans leur ardente et charmante inertie
surpris et rassemblés en pleine réalité
c’est-à-dire en plein rêve en plein désir en plein
mystère en plein oubli
Là où la vie ne cesse de fondre en larmes que pour éclater en sanglots
Là où la terre à l’horizon funèbre sommeille sous l’œil seul du soleil et puis pleurant de rire se réveille en sursaut et fait chanter ses fleurs ses mendiants ses oiseaux
Non loin de là
dans les
Alpes-Maritimes
une petite fille
comme le peintre sur le sable
retrouve dans le paysage de sa tête
des choses venues elle ne sait d’où
des choses de tristesse et de fête
d’ailleurs et de partout
Et ces choses ma fille les dit en chantant
Finis les beaux bateaux d’autrefois finis finis
Ils sont cassés en petits morceaux
jamais jamais ils n’auront plus
une goutte d’eau
dans leur vie
Ils sont en tout petits morceaux
en petits fagots
pour qu’ils brûlent bien
Et l’éléphant pisse un petit coup
C’est la fête du
Mouton à l’ail
Il est temps d’aller déjeuner dit
Courtois le chien pauvre