Antoine de Latour

Kléarista

Kléarista s’en vient par les blés onduleux
Avec ses noirs sourcils arqués sur ses yeux bleus,
Son front étroit coupé de fines bandelettes,
Et, sur son cou flexible et blanc comme le lait,
Ses tresses où, parmi les roses de Milet,
   On voit fleurir les violettes.
 
L’Aube divine baigne au loin l’horizon clair ;
L’alouette sonore et joyeuse, dans l’air,
D’un coup d’aile s’envole au sifflement des merles ;
Les lièvres, dans le creux des verts sillons tapis,
D’un bond inattendu remuant les épis,
   Font pleuvoir la rosée en perles.
 
Sous le ciel jeune et frais, qui rayonne le mieux,
De la Sicilienne au doux rire, aux longs yeux,
Ou de l’Aube qui sort de l’écume marine ?
Qui le dira ? Qui sait, ô lumière, ô beauté,
Si vous ne tombez pas du même astre enchanté
   Par qui tout aime et s’illumine ?
 
Du faîte où ses béliers touffus sont assemblés,
Le berger de l’Hybla voit venir par les blés
Dans le rose brouillard la forme de son rêve.
Il dit : C’était la nuit, et voici le matin !
Et plus brillant que l’Aube à l’horizon lointain
   Dans son cœur le soleil se lève !

Poèmes antiques (1852)

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