Amédée Pommier

Idole et charme de ma vie.

Idole et charme de ma vie,
Tu sais endormir tous mes maux ;
Tu sais me rendre le repos
De mon enfance évanouie.
 
Lorsque mon cœur est languissant,
Par ton aspect tu le consoles,
Et la moindre de tes paroles
Y verse un baume adoucissant.
 
Ton regard chasse les nuages
De la tristesse et du malheur,
Comme un astre préservateur
Qui brille à travers les orages.
 
Qu’il m’est doux d’avoir ton soutien,
De trouver au désert du monde
Un cœur, un seul, mais qui réponde
A tous les mouvements du mien !
 
Souvent avec persévérance
Le sort nous verse les douleurs ;
Souvent, à force de rigueurs,
Il décourage l’espérance.
 
Comme un funéraire flambeau,
L’homme tristement se consume,
Et marche, abreuve d’amertume,
Vers les ténèbres du tombeau.
 
Mais, près de celle qu’il adore,
Oubliant son destin cruel,
Le plus infortuné mortel
Peut quelquefois sourire encore.
 
Un jour, fatigué de sévir
Contre une race misérable,
Le ciel créa ton sexe aimable
Pour consoler et pour guérir.
 
Oui, tous les chagrins, ma Zélie,
Semblent mêlés de volupté,
Lorsqu’on traverse à ton côté
Le sombre vallon de la vie !
 
Les humains peuvent m’oublier :
Je n’aurai point la crainte arrière
De mourir, triste, solitaire,
Indiffèrent au monde entier.
 
Tu garderas un regret tendre
De celui qui fut ton amant,
Et qui dormira mollement
Si tu viens visiter sa cendre.
 
Sur cet espoir, ô mes amours,
Malgré la nuit qui m’environne,
Nonchalamment je m’abandonne
Au vol précipité des jours.

Poésies (1832)

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