Terre, que fallut-il quand l’Europe inondée
Ne pouvait retenir la France débordée,
Et grosse de fléaux ;
Quand les trônes des rois chancelaient sur leur base,
Quand nos champs se vidaient, quand la gloire était lasse
De suivre nos drapeaux ?
Terre, que fallut-il, si longtemps oppressée,
Pour reposer enfin ta surface lassée
Du poids des combattants ;
Pour que le monde entier rentrât dans son orbite,
Pour qu’une main foulât ces flots dans leur limite.
De peuples haletants ?
Pour que sur leurs pavois les grands se replaçassent,
Pour que les gouverneurs et les rois ramassassent
La couronne à leurs pieds ;
Pour que la France même, activée et féconde,
Reposât, d’avoir tant produit de rois au monde,
Ses flancs estropiés ?
Terre, que fallut-il pour qu’au peuple qui tombe
Ton sein engloutissant n’entrouvrît plus de tombe
Au milieu du combat ?
Que fallut-il pour perdre une nouvelle Rome
Qui vivait et pensait dans l’âme d’un seul homme ?
—Que cet homme tombât !