Ô lèvres, fleurs de sang qu’épanouit le rire,
Frais calice du souffle et rose du baiser,
Où, malgré moi, revient mon rêve se poser,
Si douces que les mots ne peuvent pas le dire.
Lèvres, coupes d’amour après qui l’on aspire,
Désireux de l’ivresse et craignant d’y puiser ;
Le buveur délicat a peur de vous briser,
Et lentement avec extase vous attire.
Je veux tarir ma soif à vos calices clairs ;
A votre humide bord irradié d’éclairs
Je boirai comme on boit à l’eau d’une fontaine.
Versez-moi la caresse, irritante douceur,
Ô lèvres ! souvenir, espérance lointaine,
Dont je veux mordre encore la fragile épaisseur !