Synopsis : prose sur ma douteuse éternité, et saluts appuyés à mes organes et au fétiche de l'Amour qui s'encombre du visage des autres.
....................................................................................astronomiques anatomies
Synopsis : prose sur ma douteuse éternité, et saluts appuyé à mes organes et au fétiche de l’Amour qui s’encombre du visage des autres.
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Au revoir mon corps
Au revoir mes yeux
Au revoir à mes pieds aussi qui marchèrent sur la terre et le sable des plages
Au revoir et merci,
merci à mon torse si blanc,
à mes pectoraux semblables à deux petites tranches de jambon de lune coupée par le charcutier céleste, certes, ce n’était que deux modestes flaques d’eau piquées de leur grenouille rose
mais quand j’y songe, enfin, lorsque j’y songeais, je les voyais telles que mordues par la dent de ces anges meurtris qui, parfois, vinrent voraces me les dévorer.
je m’en souviens, leur petits oiseaux se nourrissaient du sésame de mes tétons.
Merci à ma bouche aux laves mouillées et au rouet de ma langue qui filait la laine de mes vers prise au pubis ou sous les bras de mes amants.
Merci à mes pieds si doux,
à mes aisselles folles dont l’épi de sel et d’eau se comblaient de baisers,
au menhir rond et doux de mes épaules, à mon nombril si délicatement infundibuliforme dans un ventre plat et long de couteau marin.
Merci à mon dos de lassitude maintes fois courbé sur ceux et celles que j’ai massé et dont j’ai parfois senti les azalées funestes lorsque leur beauté explosée à mon visage,
merci à mes fesses aussi, qui accueillirent en leur sein le sexe voluptueux de gars robustes et concupiscents ou la ganivelle de leurs doigts enfoncés dans le sable de mes dunes. Je criais alors comme une mouette dans le ciel de leurs yeux.
Je sais que j’oublie nombres de mes anatomies et fonctions mais, à toutes, je vous dis ma reconnaissance.
Je sais que votre douleur à me perdre, ô mes organes, ne tardera pas à vous voir ici, avec moi, à l’ombre de mon puits de terre et de son coffret de chagrin. J’aurais aimé vous voir mourir chacun à votre tour comme une mère veillant sur son enfant qui meurt, tenir la main à mes mains de masseur désormais immobiles, rassurer le pneumatophore de mon sexe de palétuvier, le regard inquiet de mes talons, embrasser chacun de mes orteils mais voilà, maintenant, c’est l’heure de gloire que voulaient pour eux mes os. Allez-y mes amis, jouissez de la vie qui vous reste, des barbelés de mon torse mis à nus et, de l’intérieur de mon crâne vide, regardez s’étioler le velours de mon tombeau puis tendez vos tympans endogés pour entendre celui qui sera venu se recueillir devant vos coraux nocturnes.
C’est alors que devant nous et se croyant seul, il viendra répéter les vers qu’avaient tapé les phalanges jaunies de mes doigts éparpillés.
Je vous ai aimé vous savez, vous mes entrailles, vous mes urines, et toi, excrément merveilleux à l’orage singulier, œsophage, et toi ma si discrète rate que je n’ai pas aussi bien connu que je l’aurais voulu, muscles, hippocampe, cervelets, tous vous ai-je tendrement aimés et, si je n’ai pu vous donner d’amis sincères, d’amants durables, ce n’était que pour ne pas propager à d’autres la douleur qui m’étreint à vous quitter, et de les voir penauds et réduits à suivre une après-midi l’invité que je suis devenu.
Oh bien-sûr, je reviendrais vous voir d’un vol de poésie, dans un siècle ma voix retentira encore mais mon corps lui ne viendra plus.
Je meurs et ce,
plus amoureux de ma vie que jamais,
amoureux de ma vie mais aussi amoureux d’un garçon sans qu’il ne l’ai jamais su
probablement ne méritait-il pas de moi cette part d’éternité joyeuse
mais je lui ferais l’Amour dans l’univers,
ailleurs, là-bas, en haut ou nulle part, je trouverai bien un endroit où je pourrai tisser pour lui une natte de soie à partir d’un cocon d’étoile ou de la queue d’un astre filant,
je lui susurrerai des paroles mortes,
et nos corps se rallieront dans une voie lactée de sperme et d’unité sublime.
Le sien, le sien à lui seul et pour toujours, rien que le sien ; baigneur d’infini.
Ses seins seront deux galaxies que j’aurais mise côte à côte et sa verge de lumière proviendra de la plus belle irruption solaire trouvée.
Puis, sous la glace de son oubli, de son indifférence captieuse, le gigantesque océan de ses sueurs d’ombellifères, le plus grand qui eut été découvert, celle dans laquelle je me noyais d’inquiétude lorsqu’il venait s’assombrir sur moi de notre vivant. Alors voilà, je me nourrissais de sa salive comme une perle sauvage et n’avais rien de plus que ce filet d’espérance.
Il me traitait de SALOPE comme si ça avait été un poisson aujourd’hui disparu et je lui disais que oui, que c’était cela, réfugié sous la large raie Manta de ses aisselles trouées par la nuit de petits points noirs faits d’anciens Dieu incinérés. Je le trouvais partout où je voulais, et lui, nul part ne me voyait où j’étais, mais pas question que la mort ait raison de nous, l’amour n’a pas toujours besoin d’être deux, le mien boitera tout seul, voilà tout, ainsi va l’âme tourmentée des poètes et du reliquaire de nos forfaitures.
Mort je lui dirais " regardes ce que je fais avec mon âme “ et lui me répondra, ” et moi, regardes ce que je parviens à faire avec le temps que nous avons eu en commun ?”
Nous nous donnerons la main 'lui qui ne me l’a jamais prise’ et nous danserons ensemble, telle la disamare d’un érable stellaire virevoltante faisant tournoyer son mouvement cosmique d’horloge. Mais il n’a pas voulu de moi et la vie non plus, tous deux m’ont laissé repartir dans la fange des jours malheureux, alors je me suis allongé dans cette terre de prudence et je lui ai dit :
“ regardes, ce que Nous devient lorsque Nous n’est plus ”
“ viens, sois plus en moi et moins que moi ”
“ regardes ”
“ regardes ”
“ regardes ”
Je suis amoureux d’une neige qui m’évite.
Le lundi 29 août 2022
par Alain Cabello-Mosnier
A Paris.
Publier est mon ombre délicate.