Alain Cabello Mosnier

Alors petit pogrome

Synopsis : poème sur la mort, le temps qui passe taché par le sang des guerres et les poèmes de ceux qui ne reviendront jamais. Vers de 11 pieds.
 
Sous tes paupières, les perles d'un chagrin
Sourdent et glissent d'un des plus beaux écrins
Puis disparaissent, aux sables de tes joues
A quoi bon pleurer sur ce qui n'est plus nous
 
De tous les océans que compte la terre
Il s'en ajoute un entouré de colère
Abondé par les pleurs depuis que le monde
Connu la douleur et les yeux qui s’inondent
 
Entre charybde et scylla, haine et vengeance
Il y a deux rochers, redoutable errance
Et sous prétexte que justice soit faite
La précipite et consomme sa défaite
 
Les temps ont changé ! Non, pas le temps, les hommes
Après la paix essayons-nous au pogrome
Les guerres c'est sûr boostent l'économie
Lançons-en une et dans cinq ans c'est finit
 
Qu'importe les destructions ruineuses
Regardez la joie des trente glorieuses
Ils parvenaient encore à y trouver gloire
Malgré les millions plongés dans le noir
 
Tous là, bien au fond de leur tombeau de glace
Pendant qu'en haut s'agglutinent les rapaces
Ceux qui restent vont et viennent en lambeaux
Errent dans les rues, hantent les caniveaux
 
Ils repensent aux yeux vitreux de leur mères
Pareils à une banquise sur la mer
Éviscérées sur des cratères de lave
D'où suintait la vie en sinistres épaves
 
Indifférences et douleurs pour la peine
Se répandent en incurable gangrène
Pour le carnage, c'est à chacun son tour
Il suffit d'attendre comme les vautours
 
La paix n'est qu'un des Villages Potemkine
Improbable incrustation damasquine
Cernée de noir, de sang, et de chairs livides
Un peu comme de l'or penché dans le vide
 
Je fus heureux lorsque le jour est venu
Où j'ai senti la mort, les yeux qui s'embuent
_ «Ce jour, nous te le terminerons ensemble
Regardes comme le temps s'étire et tremble»
 
Lentement, je la suivi mais sans vitesse
Et je crois que mon pas eut une faiblesse
A l'idée que tout continuerait sans moi
Ce qui œuvrait jusqu'aux gestes de mes doigts
 
Ô silence, tendre et vénéneuse abbesse
Avant qu'ici-gît me voit amant d'Hadès
Laisses briller mes vers parmi les Pléiades
Qu'ils caquettent morts en d’infinies tirades
 
Ne doutons pas que de ces jours reviendront
Ceux que poèmes libres dérangeront
Ils feront tout pour les faire disparaître
Téléchargez-les et faites-les renaître
 
©Alain Cabello-Mosnier (poète gay & MASSEUR)
lundi 8 juillet 2019, Paris
Vers de 11 pieds.
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