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Aimé Césaire

Dévoreur

Le bouclier des mollusques
 
les mandibules des fourmis
 
les grands jeux du mimétisme à jeter bas le masque des
 
phasmes et des pharaons
 
la dialectique du cuivre
 
l’aldébaran matutinal
 
se peut-il que fasse
 
face de vie ou de mort
 
une feuille mal jouée publiée par le vent va caret couché sur le dos par la main perfide du sable claste iconoclaste tonnerre de non sans noms bélier et beffroi
 
date choisie pour toutes les grandes offensives de printemps coureur avant-coureur j ai mangé ma proie
 
et mes yeux ont poussé comme des ignames d’un champ inédit
 
mes yeux sont plus durs que la pierre mes yeux ont mis en croix ont lapidé ont flagellé ma cervelle
 
ma cervelle
 
va et vient
 
en blouse blanche de logarithmes
 
et puisque nous parlons d’économie de pensée tiens dévoreur
 
l’espace et le temps aimables serpents pince contre pince font une fornication trop belle pour l’épuisement de leur vésicule à venin enfantant à la face volubile de silence
et d’écho un frai munificent d’ombilics et de champignons la distribution de la chaleur s’intensifie à des proportions collectives le long de la barre que je chauffe et féconde
du suc hagard de mon haleine
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