Yves Bonnefoy

Ici, toujours ici

Ici, dans le lieu clair.
Ce n’est plus l’aube,
C’est déjà la journée aux dicibles désirs.
Des mirages d’un chant dans ton rêve il ne reste
Que ce scintillement de pierres à venir.
 
Ici, et jusqu’au soir.
La rose d’ombres
Tournera sur les murs.
La rose d’heures
Défleurira sans bruit.
Les dalles claires
Mèneront à leur gré ces pas épris du jour.
 
Ici, toujours ici.
Pierres sur pierres
Ont bâti le pays dit par le souvenir.
A peine si le bruit de fruits simples qui tombent
Enfièvre encore en toi le temps qui va guérir.
 
La voix de ce qui détruit
Sonne encor dans l’arbre de pierre.
Le pas risqué sur la porte
Peut encore vaincre la nuit.
 
D’où vient l’Œdipe qui passe ?
Vois, pourtant, il a gagné.
Une sagesse immobile
Dès qu’il répond se dissipe.
 
Le
Sphinx qui se tait demeure
Dans le sable de l’Idée.
Mais le
Sphinx parle, et succombe.
 
Pourquoi des mots ?
Par confiance,
Et pour qu’un feu retraverse
La voix d’Œdipe sauvé.
Altre opere di Yves Bonnefoy...



Alto