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Thelim Némélia

Apparaître

Les regards

J’écris pour moi avant tout.

Je sais marcher seule.
J’écris, mais j’ai peur de montrer ce que j’écris.

Qui suis-je ?

La Vie m’a modelée dans l’argile de ses sables du temps, aigle chasseur et pêcheur, alors j’écris simplement mes rêveries en ballade, car le mouvement, c’est la vie, du plus imperceptible à l’œil nu, au plus ample, libre, et puissant comme les ailes de l’oiseau volant, là haut, tout là haut.
Il a posé son nid au sommet de la plus haute montagne du monde, afin de pouvoir le contempler jusqu’à ce que son appétit de voir soit rassasié.
Au sommet de sa montagne, aucun gratte ciel ne l’empêche de contempler le ciel.
En face du nid, une rivière puissante s’écoule jusqu’au précipice.
L’eau a besoin de prendre de la hauteur pour devenir cascade d’inspiration.
Alors l’aigle a appris à voler.
Au début, il s’est écrasé plein de fois.
Il ne compte même plus les chutes.
Les avions au long courrier lui donnent pourtant du courage.
Puisqu’il a lui aussi un message dans son cœur à aller livrer à son enfant miroir, a t il vraiment le choix ?
Aujourd’hui, voler est devenu facile.
Une seconde nature.
L’apprenti archère devient guerrière jardinière.
Né pour dépasser ses peurs, l’aigle vole aujourd’hui, mais garde des cicatrices sur tout son corps meurtri.
Tel est le véritable prix de l’envol quand les courants sont contraires, et les regards terrifiés.
L’aigle ne peut baser sa confiance que dans son propre cœur et ses propres ailes puisqu’il rêve d’aller côtoyer les bâteaux sur l’océan.
Il veut entendre les rires des jeux des dauphins, il veut entendre le chant des baleines, il veut écouter et apprendre à comprendre le chant des sirènes, alors il apprend jour et nuit à aller plus haut, et plus loin.
Il doit devenir plus fort.
Jusqu’au jour où il danse dans le vent mêmes les yeux fermés.
Il se laisse emporter par son élan vital.

Déployer mes ailes dans les courants contraires des regards avides de mes soleils.

Mes adorables oisillons, je dois accepter de les regarder s’envoler loin, très loin de moi, puisque nous sommes nés aigles chasseurs de rêves et d’étoiles dans la lune rose.

J’ai choisi d’écrire pour pouvoir partager tout ce que j’ai sous la peau.
J’écris pour moi, et pour le monde aussi, puisque le sable du temps m’emportera en cendres.
Aigle Phoenix métamorphe, je glisse mon regard dans chaque recoin du monde, jusqu’au cœur des entrailles de Gaïa.
Son cœur qui nous accueille sur sa peau dorée par le soleil.
Elle a donné naissance à un jardin pour tous ses êtres, mais l’être humain a peur de la forêt, alors ils préfèrent la transformer en dunes de sable.
Ils arrachent les arbres pour en faire des livres.
Mais les arbres sont des livres.
Dans la bibliothèque de la Nature, j’apprends à lire entre les lignes de l’écorce de l’arbre roi, son histoire.
Alors il m’offre ses bras pour me consoler de ma peine, et il dépose beaucoup de graines dans mes mains, en me disant qu’il me les offre avec joie.
Il me dit que l’univers est vaste.
Il me dit qu’il m’apparaît grand, puissant, rassurant, mais qu’au départ, il n’était qu’une toute petite graine entre mes mains.
Les racines qui me portent jusqu’au ciel désormais dans un vaste feuillage, des jumelles dans mes mains, elles sont nées des sels maritimes, de toutes les larmes qui coulent du ciel pour rejoindre la mer.

J’écris, car l’écriture rend l’impossible bel et bien possible, et ma peur du regard des autres, je lui demande de devenir poussière, car j’ai marché jusqu’à l’épuisement jusqu’au sommet de la plus haute montagne chercher l’arbre roi, l’arbre monde.
Aigle, je me suis transformée en sirène pour faire remonter à la surface de ma conscience les perles nacrées de mes coquillages dans les abysses de ma peine.
Ma peine de ma voiex perdue...
Échouée sur la plage des sables du temps, je me suis mêlée à leurs grains.
La Vie a lové les cendres de mon cœur dans une plume de Phoenix avec laquelle elle a écrit ma renaissance dans une danse.
Elle m’a dessiné funambule.
Elle m’a offert la grâce et la beauté d’un cœur fort qui continue d’apprendre à aimer plus fort que toutes les blessures, qu’importe les regards.

Un aigle qui vole chaque jour, chasse et pêche sa nourriture grâce à la force de ses ailes ne cherche pas à briller comme une étoile.
Il cherche juste à nourir ses bouches affamées qui l’attendent, dans le nid, en haut de la montagne.
Le vent est son élément, et transpercer les secrets du langage du monde, sa nature profonde.

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