Sully Prudhomme

Au désir

                     Sonnet.
 
 
Ne meurs pas encore, ô divin Désir,
           Qui sur toutes choses
Vas battant de l’aile et deviens plaisir
           Dès que tu te poses.
 
Rôdeur curieux, es-tu las d’ouvrir
           Les lèvres, les roses ?
N’as-tu désormais rien à découvrir
           Au pays des causes ?
 
Couvre de baisers la face du beau,
Jusqu’au fond du vrai porte ton flambeau,
           Fils de la jeunesse !
 
Encor des pensers, encor des amours !
Que ta grande soif s’abreuve toujours
           Et toujours renaisse !
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