Pierre Reverdy

Passage clandestin

On entre par la porte à côté
 
La maison est triste et reste fermée
 
Quelqu’un passe sous la fenêtre et baisse les yeux
 
On a peur de faire du bruit
 
Des milliers de lumières s’allument dans la nuit
 
Sous les timbres pressés et la lumière dure
 
On emporte des hommes morts
 
Des femmes qui lèvent les bras et crient
 
Un enfant court derrière la voiture
 
Quelques heures avant le jour la fête dure encore
 
La fête nocturne avec un vrai décor
 
La ville descend
 
Moi je suis dans ma chambre et j’attends
 
Nous sommes gais
 
Quelqu’un vient de sonner à la porte à côté
 
On revient du combat comme d’un amusement
 
Prêt à l’oubli
 
Si la fatigue nous lâche un moment
 
Dans le fond de la salle on entend des sanglots
 
 
Sous la fenêtre où vient frapper la pluie
Les autres se sont endormis
 
Le jour se lève un peu
 
Tout le monde s’éveille
 
 
En partant j’ai oublié mon chapeau
 
Vous regardez mon front et je courbe le dos
 
La porte est restée grande ouverte
 
Sur le couloir sans fond et la place déserte
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