Pierre Reverdy

La vie dure

Il est tapi dans l’ombre et dans le froid pendant l’hiver. Quand le vent souffle il agite une petite flamme au bout des doigts et fait des signes entre les arbres. C’est un vieil homme ; il l’a toujours été sans doute et le mauvais temps ne le fait pas mourir. Il descend dans la plaine quand le soir tombe ; car le jour il se tient à mi-hauteur de la colline caché dans quelque bois d’où jamais on ne l’a vu sortir.

Sa petite lumière tremble comme une étoile à l’horizon aussitôt que la nuit commence. Le soleil et le bruit lui font peur ; il se cache en attendant les jours plus courts et silencieux d’automne, sous le ciel bas, dans l’atmosphère grise et douce où il peut trotter, le dos courbé, sans qu’on l’entende. C’est un vieil homme d’hiver qui ne meurt pas.

Aux premières lueurs du jour je me suis levé lentement. Je suis monté à l’échelle du mur, et, par la lucarne, j’ai regardé passer les gens qui s’en allaient.

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