Pierre Reverdy

Cœur de plomb

Je ne veux plus rien voir
 
Tous les trains sont passés
 
Un tourbillon de neige entoure la maison
 
Qui tombe
 
Dans un fossé
 
C’était chez toi
 
L’hiver mettait ta vie en péril
 
Où sont tes mains glacées
 
 
Le poêle est éteint
 
La vitre est brisée
 
Nous restions assis
 
Sans rien dire
 
Et l’ombre nous enveloppait
 
En face une femme chantait
 
Plus bas une lampe brillait
 
Les cris venaient de loin et les yeux s’éteignaient
 
Il y avait dans la cour une vie trop triste qui mourait
 
Mais la terre a tourné depuis
 
La fenêtre d’en bas est montée
 
 
La maison tout d’un coup s’est renversée
 
C’est une automobile qui passe
 
Je vois des gens qui rient dans la glace
 
Plus loin c’est un homme sérieux
 
Une femme sauvage est au milieu
 
C’est celle de mon meilleur ami
 
Toi tu t’éloignes et tu souris
 
Regarde encore
 
Ce buste qui s’éclaire au fond du corridor
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