Pierre Reverdy

Bataille

Dans la poitrine, l’amour d’un drapeau décoloré par les pluies. Dans ma tête, les tambours battent. Mais d’où vient l’ennemi ?
 
Si ta foi est morte que répondre à leur commandement ?
 
Un ami meurt d’enthousiasme derrière ses canons et sa fatigue est plus forte que tout.
 
Et, dans les champs bordés de routes, au coin des bois qui ont une autre forme parce qu’il y a des hommes cachés, il se promène, macabre comme la mort, malgré son ventre.
 
Les ruines balancent leurs cadavres et des têtes sans képis.
 
Ce tableau, soldat, quand le finiras-tu ? Ai-je rêvé que j’y étais encore ? Je faisais, en tout cas, un drôle de métier.
 
Quand le soleil, que j’avais pris pour un éclair, darda son rayon sur mon oreille sourde, je me désaltérais, sous les saules vert et blanc, dans un ruisseau d’eau rose. J’avais si soif !
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