Pierre de Ronsard

Je vois tes yeux

Je vois tes yeux dessous telle planète
Qu’autre plaisir ne me peut contenter,
Sinon le jour, sinon la nuit chanter :
Allège-moi, ma plaisante brunette.
 
O liberté, combien je te regrette !
Combien le jour que je vois t’absenter,
Pour me laisser sans espoir tourmenter
En l’espérance, où si mal on me traite !
 
L’an est passé, le vingt-et-unième jour
Du mois d’avril, que je vins au séjour
De la prison où les Amours me pleurent ;
 
Et si ne vois (tant les liens sont forts)
Un seul moyen pour me tirer dehors,
Si par la mort toutes mes morts ne meurent.

Poésies diverses (1587)

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