Quand l’aube à peine se réveille
Déjà tu gémis dès le matin
Que ta peau brûlée par le soleil
Que tu ne sais pas si tu auras ton train
Que le drap colle bien trop à ta peau
Que trop souvent tu cherches ta place
Que tu crèves d’ennui sous ce soleil qui terrasse
Que même en souriant tu te sens de trop
Que ça te poursuite, cette détresse
Qu’il y a ce poids que toi-même tu ne comprends pas
Qu’il te maintient la tête sous l’eau quand tu te débats
Qu’il y a ce mur invisible entre toi et eux sans cesse
Qu’un brouillard sournois flotte dans ton corps
Qu’il est tellement dur de te lever le matin
Que parfois tu sanglotes longtemps la tête dans le coussin
Que tu penses que ça doit être ça, ton sort
Que bien trop tôt les fougères sont devenues jaunes
Qu’à ce train là tout ne sera bientôt que cendres
Qu’il n’y a déjà plus d’eau dans la rivière où tu voulais descendre
Que ceux qui crient à l’aide, devant l’indifférence, sont aphones
Quand l’aube à peine se réveille
Je sais déjà que tu ne crois pas au lendemain
—Ph. de Rubempré