Désirer sans espoir,
Regarder sans rien voir,
Se nourrir de ses larmes,
S’en reprocher les charmes,
S’écrier à vingt ans :
« Que j’ai souffert longtemps ! »
Perdre jusqu’à l’envie
De poursuivre la vie :
On me l’a dit un jour,
C’est le vrai mal d’amour.
Dans ses songes secrets,
Revoir les mêmes traits ;
Craindre la ressemblance
Qu’on appelle en silence ;
En frémissant d’aimer,
Apprendre à l’exprimer ;
Pleurer qu’un si doux songe
Soit toujours un mensonge :
On me l’a dit un jour,
C’est le vrai mal d’amour.
S’arracher aux accents,
Que l’on écoute absents ;
Mais, en fuyant l’orage,
Détester son courage ;
Trembler de se guérir,
Le promettre... et mourir ;
Voilà ce qu’on ignore,
Quand on espère encore :
On me l’a dit un jour,
C’est le vrai mal d’amour.