Pour aller en Galice
Expier mes amours,
Demain, sous un cilice,
J’éteindrai mes beaux jours.
Ma fidèle servante,
Ceignez-moi mon manteau ;
Sa couleur représente
La cendre du tombeau.
Adieu ma chevelure,
Tes nœuds sont trop pesants ;
Je rends à la nature
D’inutiles présents.
La joie évanouie
Laisse comme un remord ;
Et, seule dans ma vie,
Je suis triste à la mort.
Ma patronne m’appelle ;
Et, lasse de souffrir,
Je m’en vais auprès d’elle
Achever de mourir.
Sous mes pieds nus, sans doute,
Le chemin sera dur :
Et je vois sur ma route
La demeure d’Arthur.
Penché sur sa fenêtre,
Dira-t-il : « Elle a froid ? »
Et, sans me reconnaître,
Priera-t-il Dieu pour moi ?
À mon pèlerinage,
Dieu, prêtez votre appui ;
Et placez un nuage
Entre mon âme et lui !