Joseph Autran

La Major

Sous le marteau brutal tu tombes pierre à pierre ;
Avec indifférence un peuple destructeur
Te dépèce, ô vieux temple, ô maison de prière,
Qui ne suffisais plus à l’orgueil du pasteur !
 
Lorsque d’une autre nef, plus brillante et plus fière,
A ta place on pourra mesurer la hauteur,
Je te regretterai, temple dont la poussière
Parlait des jours anciens à ce temps novateur !
 
Je vous regretterai, noirs piliers, autel sombre,
Où ma mère à genoux, le soir, priait dans l’ombre,
Où des évêques saints dormaient les ossements :
 
Et toi, chœur suspendu, plein de voix byzantines,
Grand orgue—qui mêlais tes longs frémissements
Aux cantiques du flot sur les plages voisines !

Les Poèmes de la mer (1859)

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