François-Marie Robert-Dutertre

Le chevreau et l’enfant.

Le gai chevreau bondit et se suspend
Aux longs rameaux du cytise ou du saule ;
Capricieux, sur les cimes grimpant,
Il court aux fleurs, aux feuillages qu’il frôle ;
Rêvant la lutte en ses joyeux ébats,
D’un front sans arme il provoque aux combats ;
Mais vienne un bruit, une ombre, une chimère,
Et le jeune cabri vite accourt à sa mère.
 
Bondis aussi sur les bords des sentiers,
Petit enfant, au début de la vie ;
Le rouge fruit qui pend aux églantiers
Ferait ta joie, il est ta seule envie.
Élance-toi, malgré piques et dards,
Vers ce buisson où plongent tes regards ;
Mais souviens-toi, dans toute peine amère,
Que le jeune cabri vite accourt à sa mère.
 
Lorsque trompant le regard vigilant
Du chevrier qui veille en sentinelle,
Un ravisseur, approchant à pas lent,
Trame le rapt du petit qu’il appelle.
L’œil inquiet au bruit de l’étranger
Mais d’un flair sûr découvrant le danger
Qui doit hâter sa course plus légère,
Tout tremblant, le cabri vite accourt à sa mère.
 
L’esprit du mal tendra sur ton chemin,
Petit enfant, de trompeuses embûches ;
A la jeunesse il ravit son carmin
Comme un frelon ravit le miel aux ruches.
Puisse un bon ange aussi veillant sur toi
Te rappeler par un instinct d’effroi,
Près d’un danger, fût-il même éphémère,
Que le jeune cabri vite accourt à sa mère.

Les loisirs lyriques (1866)

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