Souffrir infiniment, souffrir, souffrir assez
Pour que le soc tranchant et fort de la douleur
Ouvre à fond ce coteau de vigne desséché
Et qu’au prochain automne on vendange mon cœur !
Souffrir ? Je ne sais plus souffrir, j’ai trop pensé ;
Et j’envie en mon dur sépulcre intérieur,
Ô lamentable Dieu des croix, ton front penché
Où des filets de sang versent de la fraîcheur.
J’implore un coup de lance au flanc, j’ai soif de fiel.
Qu’une femme, implacable entre toutes les femmes,
Me tende sa chair froide et sa bouche où je puisse
Me blesser d’un atroce amour ! L’étoile au ciel
Palpite d’un éclat plus vif après la pluie,
Et notre âme renaît plus claire dans les larmes.