Charles Guérin

Saison fidèle aux cœurs

Saison fidèle aux cœurs qu’importune la joie,
Te voilà, chère Automne, encore de retour.
La feuille quitte l’arbre, éclatante, et tournoie
             Dans les forêts à jour.
 
Les aboiements des chiens de chasse au loin déchirent
L’air inerte où l’on sent l’odeur des champs mouillés.
Gonflés d’humidité, les prés mornes soupirent
             En cédant sous les pieds.
 
Les oiseaux voyageurs, par bandes, dans les nues,
Emigrent vers le Sud et les soleils plus chauds.
Les laboureurs, penchés sur les lentes charrues,
             Couronnent les coteaux.
 
Le soir, à l’horizon, parfois le ciel est rose ;
Des troupes de corbeaux traversent le couchant.
Dans le creux des sillons de la plaine repose,
             Pensive, une eau d’argent.

L’homme intérieur (1901-1905)

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