Charles Guérin

La chanson de la bien-aimée

La chanson de la Bien-Aimée,
Comme un trille d’oiseau siffleur,
Monte dans la nuit parfumée.
 
L’entendez-vous sous la ramée,
A travers les pommiers en fleur,
La chanson de la Bien-Aimée ?
 
Comme une vivante fumée,
Son rythme subtil et trembleur
Monte dans la nuit parfumée.
 
Et quand vient l’heure accoutumée,
Où s’exhale par la chaleur
La chanson de la Bien-Aimée,
 
Le cri de l’oiselle pâmée
Sous le baiser de l’oiseleur
Monte dans la nuit parfumée.
 
C’est une berceuse enflammée,
Musique, parfum et couleur,
La chanson de la Bien-Aimée ;
 
Et toujours mon âme est charmée
Quand, appel tendre et cajoleur,
La chanson de la Bien-Aimée
Monte dans la nuit parfumée.

Joies grises (1894)

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