Charles Guérin

Taciturnes, le front baissé, nous tisonnons

Taciturnes, le front baissé, nous tisonnons.
La mourante lueur du feu baigne les noms
Que notre main distraite a tracés dans les cendres ;
 
Son rouge éclat palpite au fond des glaces, teint
Nos visages, tes cils encore, puis s’éteint.
Le crépuscule mêle alors nos âmes tendres ;
 
Je noue à ton col svelte et nu mes bras tremblants,
Et je baise tes yeux fermés, tes yeux brûlants,
Dont les paupières d’ombre ont la douceur des cendres.

Le semeur de cendres (1901)

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