Charles Guérin

Ainsi qu’un lierre obscurceint le bord d’une coupe

Ainsi qu’un lierre obscurceint le bord d’une coupe,
La montagne en traits noirs sur le ciel se découpe,
Sur le ciel pâlissant et pur d’un soir d’été.
L’âme à la fin du jour goûte la volupté
D’être comme une fleur trop lourde qui s’incline.
Les cendres de la nuit flottent sur la colline,
Et des flocons, de cendre encore, montent des toits :
Aux bruits de pas se mêle un bruit confus de voix.
On regarde Vesper à l’occident sourire.
Quelque brise parfois d’arbre en arbre soupire,
Caressante et suave à vous fondre le cœur.
Silence... Il semblerait qu’une même langueur
Visite le feuillage et la gorge des femmes...
Paix sur la terre et dans Le ciel. Paix dans les âmes.

Le semeur de cendres (1901)

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