Charles Dovalle

Jeune fille.

La jeune fille est blanche et rose,
Son beau sein jamais ne repose ;
Elle a sur son cou des cheveux
         Blonds et soyeux ;
Des yeux bleus où l’amour pétille,
Et de longs regards enflammés,
         Pour dire : « Aimez
         La jeune fille ! »
 
Pendant les heures du sommeil
La jeune fille fait des songes
Tout pleins de séduisants mensonges ;
         Puis, au réveil,
Elle sourit, comme pour dire
Au doux soleil un doux bonjour,
         Et ce sourire,
         C’est de l’amour.
 
L’amour sur sa bouche vermeille
Parfois se berce ; mais tremblant,
Et timide encore, il sommeille,
         Ou fait semblant ;
Et souvent l’haleine enfantine
De la jeune fille aux yeux bleus
         Souffle et badine
         Dans ses cheveux.
 
La jeune fille, vive et folle,
Oublieuse du temps qui fuit,
Se désespère et se console
         En une nuit.
On voit tour à tour sur sa joue
La pâleur et le vermillon.
        —Tel vole et joue
         Un papillon.
 
Elle donnerait ses parures,
Ses tissus brodés, ses rubans,
Ses colliers d’or et ses ceintures
         De diamants,
Pour une robe de bergère,
Pour voltiger en liberté,
         Blanche et légère,
         Un soir d’été.
 
La jeune fille se couronne
De fleurs qui vivent un matin ;
La jeune fille s’abandonne
         A son destin :
Un souvenir, une espérance,
Des jeux passés, des jeux présents,
         L’insouciance,
         Et puis quinze ans !

Poésies de feu (1830)

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