Arsène Houssaye

Saules pleureurs

               Chanson.
 
 
Elle passe comme le vent,
Ma jeunesse douce et sauvage !
Ma joie est d’y penser souvent :
Elle passe comme le vent,
Mon cœur la poursuit en rêvant,
Quand je suis seul sur le rivage.
Elle passe comme le vent
Avec l’amour qui la ravage.
 
Elle fuit, la belle saison,
Avec la coupe de l’ivresse.
Adieu, printemps ! adieu, chanson !
Elle fuit, la belle saison.
Je n’irai plus vers l’horizon
Chercher la muse ou la maîtresse !
Elle fuit, la belle saison :
Adieu donc, adieu, charmeresse.
 
Que de larmes ! que de regrets !
Toi dont mon âme fut ravie
Déjà si loin,—encor si près !
Que de larmes ! que de regrets !
Mes mains ont planté le cyprès
Sur les chimères de ma vie :
Que de larmes ! que de regrets !
Adieu, mon cœur ! adieu, ma mie !

La symphonie des vingt ans (1867)

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