Amédée Pommier

Le tombeau de l’amour.

Les habits en désordre et la main sur tes yeux,
Tu pleures feu l’Amour, dolente, échevelée.
Je ne suis pas surpris si sa tombe est scellée ;
Quoiqu’il parût enfant, l’Amour était bien vieux.
 
Te voici dans ce bois, où ton regret pieux
De funèbres tributs couvre son mausolée,
Cœur à jamais en deuil et femme inconsolée,
Pour avoir vu mourir le plus vaurien des dieux.
 
Dans ta morne attitude, ô fervente pleureuse,
Je lis que son décès te rend bien malheureuse.
Pourtant il ne faut pas à ce point sangloter.
 
S’il est vrai que l’Amour git dans la sépulture,
Ne t’en désole pas, ma bonne créature :
Tu peux prétendre encore à le ressusciter.

Les sonnets sur le Salon de 1851 (1860)

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